Robespierre, L'incorruptible

(1758 - 28/07/1794)

PORTRAIT :
Nom : de Robespierre dit l’Incorruptible (à partir de 1791).
Prénoms : Maximilien Marie Isidore.
Né le : 6 mai 1758 à 2 heures du matin à Arras.
Guillotiné le : 28 juillet 1794 à Paris.
Fils de : François de Robespierre, avocat au Conseil d’Artois et de Jacqueline Marguerite Carraut, fille d’un brasseur d’Arras.
Portrait physique : « homme d’un physique chétif, avec un teint blême, la figure allongée, la physionomie tenant du tigre et du renard, une voix sourde, monotone et rauque… » (La Révellière-Lépeaux).
Cheveux : châtain-blond.
Taille : petite mais bien proportionnée.
Figure : terne, légères traces de petite vérole.
Front : large et carré.
Yeux : bleu-vert, myopie abritée derrière des besicles aux verres colorés.
Bouche : large, mince et serrée.
Signes particuliers : tics nerveux des joues, des lèvres et des paupières.

ETUDES : Orphelin de mère à l’âge de 6 ans, confié à son grand-père paternel qui le met au collège d’Arras dès l’âge de 7 ans. En 1769, entre en 5è au Collège Louis-le-Grand à Paris. Il y restera et y fera toutes ses études jusqu’en 1781. Reçu bachelier en droit à la Faculté de Paris en 1780.

CARRIERE : Ses études terminées, il revient à Arras où est il reçu avocat le 20 août 1781. Début 1782, il est nommé avocat à la Prévôté de l’Évêché d’Arras. Il est élu député aux Etats-Généraux le 26 avril 1789. Nombreuses interventions à la tribune de la Constituante entre 1789 et 1791. Chef de l’opposition contre les Girondins pendant la Législative. Membre de la Commune. Député de Paris à la Convention en 1792. Membre du Comité de Défense Nationale. Entre au Comité de Salut Public où il est tout puissant en 1793. Il impose à la Convention la loi du 22 prairial an II qui abolit la procédure et accélère le rythme des exécutions. Son intention d’épurer la Plaine et la Montagne précipite sa chute au cours de l’assemblée du 9 thermidor et le conduit à l’échafaud.

GOUTS ET CARACTERE : Enfant, il aimait la solitude, fuyait les jeux bruyants, collectionnait les images et élevait des oiseaux ; « petit garçon sage et appliqué » aux dires de ses éducateurs. Adulte, il demeure studieux et acharné au travail, peu expansif et se liant difficilement. Ce qui ne l’empêche pas d’être galant auprès des femmes. Il mène une existence rangée et laborieuse, ne recherchant guère les distractions et les plaisirs. De tempérament triste, soupçonneux et craintif, il s’accompagne toujours de deux ou trois « gorilles » qui sont aussi chargés de garder sa porte.

VIE SENTIMENTALE :
Très discrète. Peu sensuel, il ne donne jamais de grande place aux femmes dans sa vie, toute consacrée à la politique. Il est peu probable, malgré ce qu’avancent certains de ses biographes, qu’il eut à Arras, vers 1785, une liaison avec la femme de son confrère, Maître Buissart. En 1790, il eut pour maîtresse une inconnue de modeste condition. Lorsqu’il habitait rue Saint Honoré, il vivait maritalement avec la fille aînée de ses hôtes, Eléonore Duplay.

SANTE :
Débile et maladive. Nervosité excessive, insomnies, cauchemars, fièvres. Il était perpétuellement incommodé par des éruptions de boutons purulents et des ulcères variqueux aux jambes. Saignements de nez fréquents.

RESIDENCES :
A Arras : rue de Saumur en 1780 ; rue des Jésuites en 1783 ; rue des Rats-Porteurs en 1787. A Paris : rue de Saintonge en 1789, rue Saint Honoré, chez le maître menuisier Duplay, d’août 1791 jusqu’à sa mort.

2. Esquisse d’un portrait.

PORTRAIT : Petit (1,65 m), élégant, son allure est frêle mais sa santé robuste. Sa voix médiocre ne l’aide pas mais ses discours retiennent. Travailleur acharné, il se méfie de la facilité des autres et de la fierté de ceux qui écrivent bien mais « qui rampent dans les antichambres ». Religieux, il se compare au pasteur ou à la victime innocente, parle souvent du ciel, de l’Être Suprême et de l’immortalité. Idéaliste, il est prêt si « sa destinée est de périr pour la liberté, à s’empresser de voler au-devant d’elle ». « Incorruptible », il ne détournera jamais la confiance du peuple au profit de son orgueil, sachant cependant qu’il est un surveillant incommode « dont l’existence est objet d’épouvante pour les traîtres ». Sa lucidité lui fait estimer que la Révolution est une affaire longue et difficile, que la guerre, armant l’ambition et éveillant l’orgueil « creuse de ses mains brillantes le tombeau de la République ». A ce vertueux, on ne connaît aucun vice, aucune passion amoureuse. Son indulgence pour le peuple et les irrégularités inséparables d’un grand mouvement révolutionnaire se transforme en rigueur sans pitié pour les « assassins publics » qu’il veut poursuivre au risque de se faire assassiner lui-même. Chacun de ses discours rappelle qu’il n’est qu’une grandeur, celle du peuple. Pour affirmer le pouvoir de l’Etat qui peut seul le sauver, il fera de la guillotine un objet de cérémonie… et ce bien qu’il demande en 1791 l’abolition de la peine de mort, quand la paix sera rétablie.

LA PARURE DE L’ESPRIT : Descendant d’une modeste famille d’Artois, son père, avocat, fait partie de la bourgeoisie des robins, ainsi nommée à cause de leur robe de fonction. Orphelin de mère à six ans, Maximilien est élevé par ses tantes et grands-parents maternels car son père part s’installer à Munich. Excellent élève au collège des oratoriens d’Arras où son directeur d’étude le trouve « opiniâtrement occupé à se parer l’esprit », il obtient une bourse à l’abbaye de Saint-Vaast pour le collège Louis-le-Grand à Paris (dont les Jésuites ont été expulsés en 1792). Opinions sur Maximilien au collège : « c’était ce que l’on appelle un bon enfant », ou bien « c’était un garçon méchant et sournois ». A la suite d’une rencontre avec Rousseau, Maximilien dira : « Homme divin, tu m’as fait apprécier la dignité de ma nature et réfléchir aux grands principes de l’ordre social. Je t’ai vu dans tes derniers jours, et ce souvenir est pour moi la source d’une joie orgueilleuse ». Devenu avocat et juge diocèse, il est élu député par les petites gens d’Arras comme représentant du Tiers Etat aux Etats Généraux, après avoir rédigé leur cahier de doléances.

LA FORCE D’UNE VOIX FRÊLE : Jusqu’au 30 septembre 1791, fin de l’Assemblée Constituante, il ne sera qu’une fois secrétaire mais jamais plus président. C’est au club des Jacobins, qu’il préside à partir d’avril 1790, qu’il réserve ses soirées et qu’il parle, souvent seul contre tous, de la future constitution. Rêvant d’une société sans classe, attentif aux défaillances des « corrompus » en quête de pouvoir ou de gloire, il veut une reconnaissance des droits de l’homme, le suffrage universel, la suppression du veto royal. Défenseur des noirs des colonies, des juifs ou des acteurs de théâtre, il plaide aussi pour le rattachement d’Avignon, enclave papale, à la France. Après Varennes, il demande le procès du roi et prévoit le massacre de juillet 1791 au Champs-de-Mars, ce qui l’oblige, quand cela se produit, à se cacher par crainte d’être arrêté. Lors de la scission du club des Jacobins, il le sauve en obligeant les modérés à créer le club des Feuillants. Quand la Législative achève ses travaux, sa popularité est immense, comme celle de Pétion, le nouveau maire de Paris. Jusqu’en août 1792, ses discours, longuement travaillés, dénoncent la guerre voulue par Brissot et les intrigues de la cour. Grâce à lui, les Suisses de Vieux-Château sont libérés. En mai, il fonde un journal, « Le Défenseur de la Constitution », qui traite La Fayette de pygmée. Le 10 août, bien qu’il n’ait pas participé à l’insurrection, il est nommé à la Commune de Paris, le gouvernement insurrectionnel provisoire. A la Convention, où il est élu en tête des députés de Paris, le 5 septembre 1792, les Girondins l’accusent de vouloir établir une dictature.

UN AN DE PLEINS POUVOIRS : La mise en accusation du roi envenime les débats. Son discours du 3 décembre rallie les résistants : « Je n’ai pour Louis ni amour ni haine ; je ne hais que ses forfaits. Il doit mourir pour que la Patrie vive ». En avril 1793, la France en guerre connaît la trahison de Dumouriez et les sans-culottes souffrent de la faim : il lance alors son appel au peuple et les sections de Paris y répondent. Le 2 juin, 29 députés Girondins sont arrêtés. La Constitution de 1793 ne répond pas entièrement à ses aspirations révolutionnaires, comme par exemple celle du droit au travail pour tous. Après avoir fait ôter aux Girondins leur « faux bonnet phrygien », Robespierre et les Montagnards (gauche de l’Assemblée constituée en majorité par les Jacobins du club) doivent se battre dans une France menacée à la fois par les coalisés et les fédéralistes. Le 27 juillet 1793, il entre au Comité de Salut Public, créé le 6 avril. L’année de tous ses pouvoirs va commencer : l’une après l’autre, les « factions » de ceux qui empêchent le pays d’être sauvé par une volonté commune seront éliminées. Pour imposer une justice contre les traîtres, il renforce le rôle dictatorial du comité, intensifie la terreur… mais rappelle quand même ceux qui commettent, en son nom, des atrocités, comme Carrier et Fréron. Il n’existe pas, à ses yeux, de tribunal au dessus de la Nation. En mars 1794, les « enragés » d’Hebert sont exécutés. La condamnation des « indulgents » entraîne celle de Danton : Saint Just prouve que ce tribun « explique ses trahisons par des prétextes de bien public ». Elu président de la Convention, le 4 juin (216 voix sur 222 votants), Robespierre inaugure le 8 juin la fête de l’Être Suprême. Dès juillet, son autorité est remise en question par les membres du comité qui ne font pas partie de son triumvirat, à savoir Collot d’Herbois, Billaud-Varenne et Carnot. Fatigué, il se retire un mois. Les conventionnels craignent son retour : sa haute idée du peuple le conduit à une intransigeance qui les inquiète. L’autorité nouvelle de l’Etat leur fait penser que la Terreur, à laquelle Robespierre est identifié, n’est plus nécessaire. Devenu gênant, « sachant qu’en accusant ses confrères, il aiguise mille poignards et qu’il se voue à mille haines », il est prêt à se battre. Le matin du 9 thermidor, les députés l’empêchent de parler à la tribune de la Convention. Le lundi 10 thermidor, il est exécuté sans jugement, place de la Révolution.

PAROLES : « Je suis du peuple, je n’ai jamais été que cela et je ne veux être que cela. Je méprise quiconque à la prétention d’être autre chose ». « Je ne sais point flatter le peuple pour le perdre : j’ignore l’art de le conduire au précipice par des routes semées de fleurs ». « L’amour de la justice, de l’humanité, de la liberté, est une passion comme une autre : quand elle est dominante, on lui sacrifie tout ». « Dès le moment où vous aurez prononcé le mot esclave, vous aurez prononcé votre propre déshonneur ». « Citoyens, vouliez-vous une révolution sans révolution ? ». « L’Être Suprême veille sur l’innocence des opprimés et punit le crime triomphant ». « Le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle la vertu est impuissante ».

Chronologie

Janvier 1758 : Maître François de Robespierre, 25 ans, épouse Marguerite Carraut, 22 ans.
6 mai 1758 : à deux heures du matin, voit le jour Maximilien Marie Isidore de Robespierre.
1759 : naissance de Charlotte de Robespierre.
1761 : naissance d’Henriette de Robespierre.
Janvier 1763 : naissance d’Augustin de Robespierre.
14 juillet 1764 : Marguerite Carraut meurt en couche, l’enfant ne survivra pas.
1765 : Maximilien est placé, par son grand-père maternel, au collège d’Arras.
1769 : Un ami de la famille obtient une bourse pour le lycée Louis-le-Grand, pour Maximilien qui quitte Arras pour Paris, muni d’une lettre destinée à un parent éloigné, chanoine à Notre Dame.
1775 : Sans doute l’un des meilleurs élèves du collège, Maximilien est choisi pour adresser un compliment au nouveau roi de France, Louis XVI, lequel fait son entrée à Paris après son couronnement. Le cortège, en effet, s’arrête au portail de Louis-le-Grand, « chef-lieu de l’université de Paris » ; de longues files d’enseignants se tiennent rue Saint Jacques, il pleut, Robespierre avance ; à genoux dans la boue, il lit un compliment en vers préparé par son professeur et visé par les autorités supérieures du collège… Louis XVI baille, la reine plaisante avec une suivante. Les carrosses repartent et Maximilien rejoint ses camarades. Ce jour-là, il porte des habits de fête, mais le plus souvent, durant ces années de collège, son habit est râpé et ses souliers percés.
1777 : François de Robespierre meurt à Munich, après avoir abandonné ses enfants.
31 juillet 1780 : Maximilien est reçu bachelier en droit.
1781 : Il obtient une licence, devient avocat et s’inscrit au barreau de Paris. Les maîtres du lycée lui accordent une gratification importante comme récompense de sa réussite et les abbés de St Vaast transfèrent sa bourse à son frère Augustin.
Fin 1781 : il retourne à Arras, abandonnant peut-être (nul ne le saura jamais exactement) une jeune Anglaise dont il aurait été amoureux. Charlotte, sortie du couvent, et Maximilien s’installent dans une maisonnette de la rue de Saumur. Il s’inscrit a barreau d’Arras.
Janvier 1782 : Maximilien plaide sa première affaire.
1782 : Grâce à des recommandations familiales, il a la chance d’être nommé comme juge au tribunal de l’Évêché, faveur que d’autres attendent des années. Une nouvelle vie commence pour lui, celle d’un bourgeois aisé, adopté par sa classe. La maisonnette de la rue de Saumur est abandonnée pour d’autres logements plus dignes d’un magistrat, rue des Jésuites puis rue des Rats Porteurs.
Les journées de travail se suivent et se ressemblent :
– lever à 6 ou 7 heures ;
– travail sur les dossiers durant une heure ou deux ;
– arrivée du barbier qui rase Maximilien et lui poudre la chevelure ;
– à 10 heures, départ pour le tribunal ;
– retour pour déjeuner ;
– promenade ;
– travail jusqu’à 19 ou 20 heures.
Arras possède un club littéraire, les Rosati. Robespierre y adhère, plein du désir de briller. Les réunions s’y couronnent de fleurs, on déclame des vers, on respire des roses, on boit du vin, on adresse des compliments et des madrigaux aux dames, également admises à ce club, on chante (Robespierre chante faux). Juge au tribunal épiscopal, il y prononce une sentence capitale. Cela le bouleverse, le remords le travaille des journées entières : comment peut-on condamner un homme à mourir ?
1784 : Robespierre se fait recevoir à l’Académie des Belles-Lettres d’Arras, prend part à des concours littéraires organisés par d’autres académies. Sa participation à un concours en 1784 est intéressante, même si l’œuvre produite peut être considérée comme médiocre. Paroles de Robespierre (concours de 1784) : « Il ne faut pas toucher aux lois ». « La vertu produisant le bonheur comme le soleil produit la lumière ». Décisions sur la voix de Robespierre (concours de 1784) : « Eloquence vertigineuse ». « Style ampoulé, boursouflé, même si sa sincérité ne fait aucun doute ». Portrait physique de Robespierre : « Comme tous les soirs, Robespierre rentre chez lui. Il marche, petit, maigre, bombant le torse, sa chevelure châtain foncé est rejetée en arrière, son menton pointe, ses pommettes saillent ; son teint est pâle, ses yeux gris-vert cachés sous des lunettes vertes, un sourire ironique tend ses lèvres fines… plus tard, la fatigue le marquera en permanence, des gestes brusques des épaules et des poings… Mais déjà il porte les vêtements qu’on lui verra toujours : un habit brun ou vert olive, un gilet clair, la culotte noire ou fauve, des bas blancs, des souliers à boucles d’argent, un foulard blanc au cou, aux poignets des manchettes de dentelles ».
22 février 1787 : A la réunion des notables du royaume, Calonne déclare : « on ne peut faire un pas dans ce vaste royaume sans y trouver des lois différentes, des usages contraires, des privilèges, des exemptions, des affranchissements d’impôts, des droits et des prétentions de toutes espèces… ». Paroles de Robespierre : « demandons que des lois soient faites pour tous, que toute injustice soit réparée, quelle que soit la qualité de celui qui l’a commise… ». Dit à un procès : « l’autorité divine qui ordonne aux rois d’être justes défend aux peuples d’être esclaves… ».
Août 1788 : Robespierre publie une brochure « A la Nation Artésienne, sur la nécessité de réformer les Etats d’Artois ». Le texte, sévère, déclare que le pouvoir de la province n’appartient qu’à quelques hommes non représentatifs, le peuple n’y participant pas « absorbé tout entier par les soins qu’exige la conservation de son existence »… Il dénonce abus, gaspillage et largesses inconsidérées… Puis Robespierre décide de présenter sa candidature comme député. Sa brochure sert de base à sa campagne électorale. Il y ajoute un discours au roi et à Necker.
23 mars 1789 : la corporation des savetiers lui confie la rédaction de son cahier de doléances.
Fin avril – début mai 1789 : Maximilien de Robespierre a 31 ans. En compagnie des autres députés de l’Artois, il quitte Arras, abandonnant, dit-on, une jeune fille, Anaïs Deshorties, qu’il devait épouser.
5 mai 1789 : A peine arrivés à Versailles et installés à l’hôtel du Renard, Robespierre et les autres députés vont être présentés au roi. Chamarrés d’or, les représentants de la noblesse et du clergé sont reçus par Louis XVI dans son cabinet. Vêtus de noir, les députés du Tiers n’ont droit qu’à la chambre à coucher royale, où ils passent en troupe et au galop… Après un défilé dans la ville, une messe a lieu à l’ouverture solennelle des Etats-Généraux. Noblesse et clergé entrent dans la salle de séance par la grande porte ouverte à double battant ; ceux du Tiers sont introduits par la petite porte de derrière. Le roi se montre bien décevant dans son discours et les Ordres se réunissent ensuite séparément pour des vérifications de pouvoir et de vains préliminaires. Durant plus d’un mois, les députés auront le temps de faire connaissance, de discuter des réformes souhaitables et d’une constitution pour le royaume de France. Robespierre fréquente le café Amaury où se réunit le club des députés bretons. Un jour de mai, il est aussi invité à dîner par le ministre Necker, en reconnaissance sans doute des éloges de la brochure d’Arras. Mme de Staël écrira : « j’ai causé une fois avec lui chez mon père, en 1789, lorsqu’on ne le connaissait que comme avocat d’Arras, très exagéré dans les principes démocratiques… Il soutenait les thèses les plus absurdes avec un sang-froid qui avait l’air de la conviction et je croirais assez que, dans les commencements de la Révolution, il avait adopté de bonne foi, sur l’égalité des fortunes aussi bien que sur celle des rangs, certaines idées attrapées dans les lectures et dont son caractère envieux et méchant s’ornait avec plaisir… ».
20 juin 1789 : Robespierre est le 45e député à prononcer le serment du Jeu de Paume.
9 juillet 1789 : Robespierre fait partie de la délégation chargée de remettre au roi une lettre lui demandant, au nom du Tiers, de retirer les troupes étrangères de la capitale.
20 juillet 1789 : A une occasion, on peut se rendre compte de son choix politique : le député comte de Lally Tollendal demande que les nouvelles municipalités aient le droit d’utiliser la force contre les « fauteurs de troubles », c’est-à-dire les soulèvements populaires des villes et des campagnes.
Robespierre se lève, s’oppose à la motion proposée, rappelle que c’est à une émeute (celle du 14 juillet) « que la Nation doit sa liberté ».
Robespierre visite la Bastille « dont la vue, écrit-il, ne donne plus que des sensations de plaisirs et des idées de liberté à tous les citoyens ».
début octobre 1789 : Un incident à la Chambre va mettre à rude épreuve l’amour-propre de Robespierre. Il s’agit d’une discussion de détail, la recherche d’une formule par laquelle le roi devait dorénavant promulguer les lois ; Robespierre en propose une, peut-être un peu tarabiscotée. Un député gascon l’interrompt en lui demandant « si c’était un cantique qu’il proposait ». L’Assemblée entière éclate de rire, tandis que l’orateur quitte la tribune, profondément vexé.
21 octobre 1789 : Des ménagères parisiennes massacrent un boulanger. L’affaire sert de pretexte.


Robespierre, L'incorruptible


Date de naissance : 1758
Date de décès : 28/07/1794